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Le projet « Paris surréaliste » réunit une cinquantaine de galeries et librairies parisiennes pour des expositions qui accompagnent et complètent sur plusieurs points l’événement « Surréalisme » au Centre Pompidou. Parmi les premières à ouvrir – d’autres suivront tout l’automne – , deux s’imposent par leur qualité historique et la rareté des pièces présentées. « Provenance André Breton », à la Galerie 1900-2000, réunit, comme son nom l’indique, des œuvres ayant appartenu au poète de façon plus ou moins durable.
Il en acquit certaines et d’autres, plus nombreuses, lui furent offertes en signe d’amitié ou en hommage. Ainsi voisinent sur les murs plusieurs peintures et dessins de Victor Brauner, dont un « picto-poème » dédié au « mythographe du devenir permanent » ; une longue lettre de Roberto Matta (1911-2002) où les phrases, en espagnol et en français, encadrent des dessins symboliques et d’autres dessins colorés du même ; d’autres encore d’Arshile Gorky (1904-1948) ; une gravure de Max Ernst que l’on croirait d’Ingres ; une calligraphie de Ghérasim Luca (1913-1994) ; ou un paysage onirique de De Chirico de 1929.
Un ex-voto funèbre rapporté du Mexique en 1938 est au-dessus d’une petite aquarelle religieuse du symboliste Charles Filiger, disciple de Gauguin, que Breton fit redécouvrir dans les années 1950. Duchamp est là aussi et même l’exemplaire no 1 de La Boîte alerte, suite de multiples réalisés par les membres du groupe en 1959 à l’occasion de l’exposition internationale du surréalisme qui eut lieu cette année-là, à Paris.
D’une abondance aussi grande est « Surréalisme, zones de contact », présentée à la Galerie Les Verrières par les commissaires Charles-Wesley Hourdé et Nicolas Rolland, qui célèbre la curiosité illimitée de Breton et de ses proches pour les arts amérindiens et océaniens. Plusieurs des œuvres ont appartenu au poète, dont le masque de vannerie rouge de culture sulka (Nouvelle-Guinée) qu’il admirait tant qu’il en introduisit une photographie dans l’édition originale de Nadja en 1928. La grande statue uli de Nouvelle-Irlande androgyne qui était chez lui accueille à l’entrée, inquiétante. Derrière elle, on est dévisagé par un masque tsimshian (Colombie-Britannique), portrait sans doute, admirable d’intériorité et de sérénité, et par une face blême à la grimace effrayante sculptée dans le bois par un artiste yupik (Alaska).
Dans la pièce voisine, une poupée kachina hopi (Arizona) oppose au regard les deux triangles noirs superposés qui barrent sa face blanche. D’autres œuvres non moins remarquables ont appartenu à Tristan Tzara, à Matta, au collectionneur expert Robert Lebel ou au marchand Charles Ratton. Ainsi se trouve corrigée la faible présence de ces cultures à Beaubourg. L’exposition pose aussi une question difficile : pourquoi Breton préférait-il si nettement les arts d’Amérique et d’Océanie à ceux d’Afrique, alors qu’il les connaissait aussi bien et qu’il ne manque pas dans ces derniers de visages, de corps et de symboles aussi troublants ?
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